Révolution tranquille, 2013
Quand j’ai vu le chapeau en forme d’une assiette virée à l’envers, je me suis souvenue du temps de ma jeunesse ou ma sœur et moi, en faisant la vaisselle, nous nous moquions du chapeau de notre mère. C’était à la fin des années 50’s, lorsque c’était de rigueur de porter un chapeau avant d’entrer dans l’Église. Je pense maintenant aux femmes et leur rôle dans l’Église et je pense aussi à ce que ma mère me dit aujourd’hui au sujet des restrictions imposées sur les femmes au temps de sa jeunesse.
J’ai voulu me servir du chapeau pour représenter la Révolution tranquille qui a débordée du Québec jusqu’à chez nous au Manitoba. J’ai brodé les mots : humble, soumise, dévouée et silencieuse sur le chapeau que j’ai posé au-desus d’une croix de bois verni et égrattigné comme on voiyait les anciens bancs d’église. J’ai égrattignés sur la croix et ensuite partiellement cachés avec de la peinture rouge ce que le curé avait autrefois prêché aux femmes. Le tout est voilé par le voile transparent que j’ai cousu au chapeau. Les mêmes textes qui se trouvent sur la croix sont écrits à l’envers sur ce voile décoré semblable à celui des pages d’enluminure. La tension entre la beauté et la fragilité du chapeau et son voile par rapport à la croix rigide et solide souligne l’image frivole de la femme et son inutilité et son inappartenance face à l’hierachie de l’Église.